top of page
Rechercher
  • Photo du rédacteurdel1306

Mécanismes du trauma et son traitement

Dernière mise à jour : 4 juin 2022



Le trauma c'est quoi?


Selon les évènements de vie plus ou moins difficiles que nous rencontrons, les réactions sont multiples : tension corporelle, accélération cardiaque, oppression respiratoire, boule dans le ventre... Ces changements corporels s'accompagnent d'états émotionnels divers : peur, stress, tristesse, angoisse, panique, sidération...

Le sentiment d'impuissance et de solitude face à ces évènements seront systématiquement présents lors d'un vécu traumatique. C'est alors que l'esprit s'emballe et que l'information ne peut être intégrée par le système nerveux qui se dérègle.


Il existe bien souvent deux manières de réagir face à un choc traumatique : une sidération psychique (absence apparente de réaction), ou une hyper réaction (ce qui s'associerait à la panique).

Dans le premier cas, le système parasympathique du cerveau s'active, il s'agit de "faire le mort" pour se protéger du danger. Dans le second cas, c'est le système sympathique qui est sollicité, avec la sécrétion d'adrénaline qui nous conduit à une action défensive face au danger : fuite, combat, agitation...

Ces deux types de réactions possibles dépendront de l'histoire de chacun, des traumas antérieurs, de la gravité du trauma actuel, de notre capacité à rester dans notre fenêtre de tolérance émotionnelle, de nos ressources.

La fenêtre de tolérance est l'espace mental au sein duquel les émotions restent canalisées, contenues. A ce stade, les émotions sont gérées. Lorsqu'il y a traumatisme, nous sortons de notre fenêtre de tolérance, ce qui induit une perte de contrôle se traduisant par une hyper ou hyporéaction.

La personne confrontée au trauma aura toujours une sensation de menace pour son intégrité physique et/ou psychique. Ce vécu de terreur et d'impuissance peut conduire à un Etat de Stress Post Traumatique (ESPT).

L'ESPT reste une réaction normale à une situation anormale et se traduit par les symptômes suivants:


- flashs et intrusions : des souvenirs (souvent une image) s'imposent à nous, à tout moment

-cauchemars et troubles du sommeil ( réveils nocturnes, difficultés d'endormissement)

-état de détresse psychologique avec des ruminations à propos du vécu traumatique

-évitement de tout ce qui est associé au trauma ( pouvant conduire à une phobie)

-hypervigilance, un état d'alerte permanent

-somatisations

-altérations négatives des pensées et de l'humeur (tristesse, peur, colère, irritabilité )

-une anxiété constante


Couramment, les ESPT induisent une dépersonnalisation : le sujet a l'impression d'être détaché de lui-même ou de son corps. Cet état s'accompagne généralement d'une déréalisation : tout est ressenti comme irréel autour de lui avec l'impression d'un détachement, comme si le monde était lointain, il se sent " à côté de ses pompes", observateur de sa vie.


La personne ayant vécu un trauma peut être soutenue et entourée par ses proches dans un premier temps mais l'ESPT persistant, ceux-ci pourront être démunis voire agacés. Des réactions de honte et de culpabilité pourront alors naître chez le traumatisé : "il faut que tu te bouges", " regarde devant, c'est du passé" entendent parfois les victimes.


Comment soigner le trauma?


Parler seulement de l'évènement traumatique peut permettre d'évacuer, mais peut également (et souvent) renforcer l'impact traumatique en réactivant les émotions, pensées et sensations qui y sont associées.

Des techniques telles que la méditation, la sophrologie, la relaxation, permettront une gestion émotionnelle efficace, sans pour autant permettre de traiter le trauma à la racine.

Toutes les thérapies ne permettent pas de soigner les séquelles d'un traumatisme. Bien choisir son thérapeute et l'outil qu'il utilise sera donc essentiel.


Il sera tout d'abord indispensable qu'un lien de confiance solide puisse s'établir avec le professionnel.

Lors de l'évènement traumatique, le sentiment d'insécurité est toujours présent. Lors du traitement de l'évènement, ce sentiment sera réactivé; c'est pourquoi il est nécessaire de se sentir en confiance avec son thérapeute.

Traiter le trauma, c'est repasser par l'évènement, mais dans un climat de sécurité et de confiance et avec des outils adaptés pour y faire face.


La thérapie EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing/ intégration neuro-émotionnelle par les mouvements occulaires) apparait aujourd'hui comme une des thérapie privilégiée face au traumatisme.

L'EMDR a été crée en 1987, par Francine Shapiro, psychologue américaine. Depuis trente ans, cette thérapie a prouvé son efficacité à travers de nombreuses études scientifiques menées dans le monde entier.

Cette méthode est recommandée par l'OMS depuis 2013.


Lorsqu'il y a trauma, le souvenir est stocké de façon dysfonctionnelle dans le cerveau et crée ainsi des symptômes. Tout se passe comme si le souvenir était gelé, l'information est bloquée sur l'évènement.

L'EMDR va permettre alors d'accéder au souvenir et de le retraiter, le débloquer à travers un protocole précis. La réactivation du souvenir est conduite par le thérapeute de façon sécure afin que le patient soit maintenu dans sa fenêtre de tolérance.

Le patient suit des yeux les mouvements des doigts du praticien (l'utilisation d'autres stimulations est possible, comme les tapotements sur les genoux). C'est à travers un mouvement bilatéral des yeux de gauche à droite, que le retraitement des souvenirs traumatiques a lieu. Cette pratique déclenche un travail associatif et diminue peu à peu la charge émotionnelle liée au souvenir.

Sur le plan cérébral, la stimulation bilatérale entraîne une activation des réseaux neuronaux permettant une connexion synaptique. Les neurones se remobilisent et se réassocient entre eux.

Le processus psychique à l'oeuvre correspond à ce que fait généralement et naturellement le cerveau lorsqu'il traite une information.


Dans le cas du choc traumatique, le traitement de l'information est bloqué. L'EMDR permettra donc un déblocage.


Comment se passe une séance d'EMDR?


Le traitement procède par étapes. Après un récit de l'histoire du patient, celui-ci n'est pas forcement obligé d'aborder la scène traumatique en détails. Ici se situe tout l'intérêt de ne pas réactiver inutilement les émotions, sensations et pensées associées au choc.

Il faut parfois ( et souvent) plusieurs séances pour traiter le trauma.

Concrètement, le praticien demande au patient de penser au trauma, aux sensations, émotions et croyances qui vont avec. Au fur et à mesure des stimulations bilatérales des yeux, le sujet associe : sans efforts, il exprime ce qui lui vient à l'esprit. Peu à peu, la charge émotionnelle diminue, l'évènement se retraite spontanément et par un accompagnement ciblé du thérapeute. Le travail se poursuit jusqu'à ce que le souvenir n'engendre plus de perturbations et soit mis à distance. Le patient regarde alors le souvenir de l'évènement traumatique comme s' il s'agissait d'un film, sans attache émotionnelle.


La séance dure environ une heure, durant laquelle le sujet traverse des émotions intenses. L'accompagnement du praticien lui permettra de réguler ses émotions, et de contourner les blocages éventuels en l'aidant à une fluidité des associations et à rester dans sa fenêtre de tolérance.

Chez les enfants, la séance peut se dérouler en présence du parent, à l'appréciation du thérapeute et selon le désir de l'enfant.


En définitive, le déblocage du souvenir traumatique permettra une cicatrisation et une disparition des symptômes.


Delphine Fargeon, psychologue


657 vues2 commentaires

Posts récents

Voir tout

2 commentaires


Gerard Seban
Gerard Seban
14 sept. 2021

Article clair et très intéressant

L'EMDR semble être un outil révolutionnaire dans le traitement des traumas et éviter des années de psychothérapie.

J'aime
del1306
del1306
12 nov. 2021
En réponse à

Merci de votre commentaire

J'aime
bottom of page