Haut Potentiel Intellectuel ( HPI), zèbre, surdoué, les dénominations pour nommer ces neuroatypies sont nombreuses.
Bien souvent, il y a confusion entre HPI et TDAH (Trouble Déficitaire de l'Attention et Hyperactivité).
Le Haut Potentiel Intellectuel (HPI)
A ce jour, la seule véritable définition et caractéristique d'une personne présentant un HPI est un QI (Quotient Intellectuel) supérieur ou égal à 130, la norme se situant entre 100 et 110.
Ce diagnostic concerne 2,3% de la population française.
Le QI est mesuré par un test établit par un psychologue américain en 1939, D.Wechsler : l'échelle de Wechsler.
Cette échelle est la seule échelle d'intelligence scientifiquement validée. Elle s'inspire des travaux de A. Binet (1905), psychologue français.
L'échelle de Wechsler sera adaptée selon l'âge du sujet :
le WPPSI pour les enfants de moins de 6 ans,
le WISC 5 pour les enfants de plus de 6 ans et les adolescents jusqu'à 16 ans,
la WAIS 4 pour les adultes (+16 ans).
Seuls les psychologues sont habilités à faire passer ces tests. Seront évalués différents paramètres constitutifs de l'intelligence dont : vitesse perceptive, vitesse numérique, capacités et fluidité verbales, capacités visuo-spatiales, capacités de mémoire et de raisonnement. Bien souvent, le test est associé à des évaluations complémentaires afin d'obtenir un profil complet du patient.
En définitive, le HPI consiste à présenter une ou plusieurs zones de capacités intellectuelles qui s'écartent significativement du niveau moyen des capacités de personnes de la même tranche d'âge.
Les seules caractéristiques fiables et communes des HPI sont : un QI supérieur ou égal à 130, mais également un cerveau qui fonctionne plus rapidement et plus efficacement. Il en découle souvent une rapidité d'apprentissage, notamment concernant les apprentissages complexes. Avoir un QI élevé ne signifie pas pour autant savoir ou pouvoir utiliser sa douance. Effectivement, beaucoup d'enfants HPI, sont en échec scolaire. Les facteurs intra-familiaux, culturels, psycho-affectifs, peuvent empêcher l'accès à ces facilités cognitives.
Il existe chez les personnes HPI une grande variété de profils cognitifs et de personnalités.
Elles sont souvent perfectionnistes et vivent les affects avec intensité, mais rien ne permet d'en faire une caractéristique propre. En effet, ces traits ne seraient pas plus fréquents chez les HP que dans le reste de la population (Cuche 2014, Brasseur 2013).
Elles sont fréquemment décrites comme plus sensibles, fragiles, ayant des difficultés de gestion émotionnelle associées à des réactions intenses. Les études montrent que les HP ont généralement de meilleures compétences émotionnelles, elles seront plus à même d'identifier et nommer leurs émotions. Cependant, concernant la gestion des émotions, la majeure partie des recherches ne trouvent globalement pas de différence de fonctionnement d'avec la population générale.
Il convient donc de rester prudent quant à l'association entre difficultés de gestion émotionnelle/hypersensibilité et Haut Potentiel.
Le Trouble Déficitaire de l'Attention et Hyperactivité ( TDAH)
Le TDAH, est un trouble neurodéveloppemental, c'est-à-dire une déficience du fonctionnement cérébral.
Plutôt mal diagnostiqué chez l'adulte en France, ce trouble est mieux repéré chez l'enfant depuis quelques années.
Il concerne 3% des enfants, et 6% des adultes.
Il s'agit d'une neuroatypie qui n'est pas une maladie, et qui se caractérise par : une pensée en réseau du fait de connexions neuronales plus nombreuses que chez un cerveau typique (cerveau en arborescence), un cerveau traitant toutes les informations en même temps, et non de façon linéaire et filtrée comme chez les personnes neurotypiques, un traitement de l'information plus rapide. Tout se passe comme si tous les onglets de l'ordinateur (le cerveau) étaient ouverts et traités en même temps.
Le défaut de régulation de la dopamine (hormone du plaisir immédiat) engendre un déficit attentionnel alterné avec des "hyper focus", hyper concentration sur des moments où l'on note un pic de dopamine. Les motivations intrinsèques et le stress sont des facteurs favorisant ces pics.
Il existe trois profils de TDAH:
Trouble Déficitaire de l'Attention sans hyperactivité ( TDA)
Impulsivité/hyperactivité (sans troubles de l'attention)
Forme combinée
Les symptômes sont présents dès l'enfance ( mais peuvent être masqués), et persistent souvent à l'âge adulte.
Chez les personnes présentant un TDAH, nous retrouvons :
Une difficulté à maintenir une attention soutenue (sauf dans les moments d'hyper focus en lien à des pics de dopamine)
Une difficulté à résister aux stimulis distracteurs
Une tendance aux oublis, à perdre les objets
De l'impulsivité et impatience marquées
Une hypersensibilité émotionnelle et sensorielle
Une difficulté à gérer ses réactions émotionnelles
Une agitation motrice et verbale ( parle vite et beaucoup, passe du coq à l'âne)
Une hyperempathie
Ce tableau peut s'associer à des troubles de l'humeur, des troubles des conduites et des difficultés sociales. L'hypersensibilité est retrouvée de façon systématique.
La confusion fréquente entre HPI et TDAH résulte du fait qu'une association des deux profils est fréquente. Il n'est pas rare qu'une personne TDAH soit HPI, les deux cas étant une neuroatypie. Il convient donc de distinguer les choses par la passation de tests, par une consultation chez un psychologue et un psychiatre qui déterminera si des tests neurologiques sont nécessaires.
Le TDAH peut se traiter de façon médicamenteuse (Ritaline entre autres, qui est une méta-amphétamine) après prescription par un psychiatre ou neuropsychiatre. A ce traitement, peut être associée une thérapie comportementale ou intégrative, afin d'apprendre à mieux gérer la sphère émotionnelle, travailler sur l'estime de soi, ainsi que sur la stigmatisation que ce trouble peut induire.
Delphine Fargeon, psychologue
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